lundi 14 novembre 2011

Cours 3 : Propagande et effet direct sur la masse


Propagande et  effet direct sur la masse

Définition du terme « propagande »
Etymologiquement : vient du latin pour désigner l’idée d’une greffe qui donnera une nouvelle plante. L’idée qui se dégage du terme est donc celle d’une transmission. Terme appliqué à la religion au départ. Il devient péjoratif (négatif) à la fin du XVIIIème siècle et désigne la tentative d’influence et de manipulation de l’opinion par les gouvernants.

I. Théorie des effets directs : le réductionnisme behavioriste
En Europe, mais aussi aux Etats-Unis, la vision de la presse et des grands moyens de communication de masse s’est radicalement transformée au fil du temps. L’engouement initial pour la presse peut s’expliquer par les transformations historiques, idéologiques et technologiques qui caractérisent la période de la fin du XVIIIème à la fin du XIXème siècle : en premier lieu les révolutions américaine et française en 1776 et 1789, puis la loi de 1881 en France consacrant la liberté d’opinion et de la presse, avec entre temps les analyses de Alexis de Tocqueville (1835-1840) voyant dans ce nouveau moyen de communication de masse à la fois un indice et un facteur de promotion de l’idéal démocratique de la société, sans oublier l’apparition de l’électricité, de nouveaux moyens de communication comme le télégraphe.

A ce véritable engouement, vont succéder dès les années 1920 (fin de la Première Guerre mondiale) ce que beaucoup d’auteurs appellent désormais de véritables « paniques morales » autour de la question du pouvoir de manipulation et de propagande des médias. Les progrès techniques dans le domaine de la communication vont avoir un effet important sur l’art de mener les troupes engagées dans la Première Guerre mondiale : les chefs de gouvernement tout comme les chefs de guerre recherchent désormais le soutien et l’adhésion de la population, ce qui signifie clairement que pour justifier l’effort de guerre auprès des citoyens, il faut contrôler l’information, la filtrer afin de discipliner l’opinion publique. Durant les premières décennies du XXème siècle, ce phénomène de prise en compte de l’opinion dans des décisions aussi graves pour un pays que la déclaration et la poursuite d’une guerre apparaît en même temps avec le développement d’un nouveau paradigme (courant) issu de la physiologie et s’imposant avec force en sciences humaines - en psychologie expérimentale en particulier : le behaviorisme ou comportementalisme.

À  cette époque un physiologiste russe, Ivan P. Pavlov, développe et expérimente sur l’animal la théorie du conditionnement des comportements (rappeler ici l’histoire du chien de Pavlov et des stimuli conditionnés : il associe un bruit de clochette à l’apport de nourriture (viande) ; par la suite le seul bruit de clochette suffit à faire saliver le chien). L’hypothèse de Pavlov est mécaniste : les organismes (du règne animal mais aussi les humains) constituent un stock de réponses comportementales qui se déclenchent en présence des stimuli de l’environnement. Ceci correspond au célèbre schéma S-R (Stimulus-Réponse). Les réactions physiologiques de l’organisme sont des réflexes, des réponses automatiques déclenchées, conditionnées par des stimuli de l’environnement directement observables et mesurables. Mais c’est surtout aux Etats-Unis que cette thèse du conditionnement aura un retentissement considérable sur la psychologie. Il n’y a pas, de ce point de vue, rupture ou discontinuité entre l’animal et l’Homme.

La thèse du conditionnement comportemental va être reprise, de façon assez élémentaire et réductrice, dans les analyses européennes et américaines des médias de masse et sera désormais désignée sous le terme des effets forts de la propagande :

- En Europe, elle est illustrée en 1939 par Serge Tchakhotine alors réfugié en France, dans son ouvrage Le viol des foules par la propagande politique (traduit et réédité chez Gallimard en 1959, puis 1992). Ce sont cette fois-ci des conduites aussi complexes que l’engagement et les actes politiques qui sont interprétées comme des réponses directes à des actions d’influence et de manipulation mentale menées par les gouvernements totalitaires. Le reflexe pavlovien appliqué à la puissance de la propagande se traduit chez cet auteur par l’idée que l’on peut provoquer chez le public un état « d’affaiblissement généralisé » pour en faire une masse « suggestible » qu’on peut alors manœuvrer comme on veut. Il suffit pour cela de manipuler des stimuli verbaux (formules simples, concises) visant directement à éveiller des émotions comme la peur, le désespoir, le désir… Il faut répéter aussi souvent que possible ce scénario, et à la longue, le récepteur recevra ces formules comme de véritables prescriptions, des stimuli qui déclencheront le réflexe conditionnel d’obéissance. Il existe néanmoins au sein de la population des différences notables entre groupes humains quant à leur suggestibilité (possibilité d'influence) : ceux qui résistent à la propagande sont ceux dont le niveau d’éducation permet une analyse plus approfondie des situations et une régulation plus forte de leurs émotions, mais pour la masse une propagande fondée sur les principes de Pavlov produit les effets escomptés : elle réduit les gens à des « esclaves psychiques », des « robots ».

- Aux Etats-Unis, c’est un politologue, Arnold Lasswell, qui va se réapproprier la thèse du behaviorisme dans une visée davantage instrumentale : comment dans une société démocratique les gouvernements peuvent tirer le meilleur parti de l’utilisation des « effets de stimuli » des médias sur la population ? Il publiera ainsi en 1927 un ouvrage qui prend la forme d’un véritable « manuel à l’usage des gouvernants en temps de guerre » : Propaganda Techniques in the World War. Lasswell fait une analyse détachée des techniques d’influence et de persuasion qui peut aider l’Etat à guider la population. Il nommera d’ailleurs l’influence subie par les masses et utilisée par l’émetteur par une expression maintenant bien connue dans le champ de la sociologie des médias : la seringue ou aiguille hypodermique (« hypodermic needle »). Cette expression traduit parfaitement l’appropriation du schéma behavioriste dans l’explication des effets directs des médias : on peut « injecter » n’importe quelle idée, induire n’importe quel comportement chez n’importe qui.

En conclusion
Nous pouvons faire ici une conclusion provisoire sur ce qui caractérise ce courant de pensée des effets forts et directs des médias : pour les tenants du behaviorisme les médias influencent et manipulent le public. Ce dernier n’a généralement aucune possibilité de leur résister. Cette approche sera relativisée voire même complètement écartée par d’autres courants.

Cours 2 : Sociologie des médias


Sociologie des médias
I. De la sociologie de la communication à la sociologie des médias
On avait précisé dans les précédentes séances que la sociologie de la communication essaye de traiter les phénomènes communicationnels dans leur diversité. Elle s’intéresse par exemple à la communication dans sa dimension humaine et dans sa dimension matérielle. Dans ce cours on s’intéressa à un des aspects de la sociologie de la communication à savoir la sociologie des médias. Autrement dit, on essayera d’étudier des questions relatives à l’impact des médias sur la société ainsi que sur les représentations (façon de penser) et les comportements (façon d’agir) des individus.
II. Définition du concept « Média »
Média vient du latin medius, littéralement « qui est au milieu ». C’est donc une relation entre émetteur et récepteur mais sans qu’il y ait possibilité d’interaction entre eux : ce n’est donc pas une communication interindividuelle en face-à-face, ni une communication organisationnelle en petits groupes.
Terminologie :
- Au pluriel : médias
- Soit dans le sens de média comme ci-dessus
- Au singulier en français : Médium :
- Soit dans le sens du support et des procédés techniques utilisés par le canal de transmission du message (procédés électroniques visuels et/ou oraux ; papier…)
- Mass média (invariable) : terme anglais et repris en français = moyens de communication de masse, ou médias de masse ou tout simplement médias.
- Médias « interactifs » : ex : l’ordinateur
- Micro-médias : ex : le téléphone
Le processus de construction de la réalité se base sur la question : « Pourquoi certains sujets sont-ils traités par les médias, arrivent-ils devant la scène ?
La sélection de l'information
Les médias filtrent l'information. Depuis quelques années, il y a de plus en plus de critères qui conditionnent le filtrage :
1.    La crédibilité de l’information : il faut que l’information soit véridique, qu’elle émane de sources officielles.
2.    L’attractivité de l’information
3.    L’actualité : l’information doit être récente, les journalistes réduisant de plus en plus l’écart entre le fait et le moment où l’information est donnée.
4.    La proximité : on choisit des événements localisés.
5.    Les critères psychoaffectifs : on fait ressortir des événements fortement émotionnels.
6.    Les présupposés idéologiques : ils souvent liés à des intérêts économiques et sociaux. On montre des événements sous des fragments de réalité bien précis. Exemple : en 1991, aux Etats-Unis, pendant la guerre du Golfe, 6 secondes d’antenne ont été accordées à 50000 pacifistes réunis sur la côte Ouest, alors que 13 secondes le furent pour une petite centaine de pro-gouvernementaux sur la côte Est.
7.    La concurrence : les médias se scrutent, s’observent et veulent se surpasser.
8.    Les contraintes liées au format et au support : dans les journaux, on n’aborde pas certains sujets car on n’a plus de place ou pas de reporters sur place.
9.    Les stéréotypes : un stéréotype est une opinion, une idée préconçue de quelque chose. Le stéréotype s’implique dans la logique du « faire simple », on simplifie la réalité. Ce sont des idées sournoises qui s’inscrivent dans l’esprit collectif. Dans les médias, certains groupes sociaux sont stéréotypés, diabolisés. Ce sont des représentations discriminantes.

L'agenda setting

La théorie de l'agenda setting, formulée par Maxwell McCombs et Donald Shaw dans les années 1970 appartient à la grande famille des théories de la communication appliquées aux média de masse. Il ne s'agit pas d'aider les gens à être à l'heure ! Agenda setting doit être compris au sens d'établir des priorités. L'idée est que la hiérarchisation de l'information à laquelle se livrent les médias (qu'est-ce qui doit occuper la première page ? Les titres du 20 h ?) forme l'opinion publique plus que les contenus des médias eux-mêmes : C'est cela l'effet le plus important de la communication de masse : sa capacité à hiérarchiser et à organiser mentalement le monde à notre place. Bref, si les médias de masse ne parviennent pas à nous dire quoi penser, mais ils réussissent étonnamment bien à nous dire à quoi penser.
Les médias ont un rôle dans l’agenda (l’organisation) des priorités.
Le cadrage ou « framing »
Le cadrage est un phénomène beaucoup étudié par des sociologues japonais et qui consiste en un choix des médias d’une certaine façon de présenter le thème. La façon dont on le présente a souvent une incidence sur la façon dont il est perçu. Il y a souvent un parallèle entre le cadrage et l’interprétation des événements.

Conclusion

Ce phénomène de construction de la réalité montre que les médias ont une influence idéologique puisqu’ils choisissent les thèmes mis en avant. L’hétérogénéité des médias permet de ne pas se contenter d’une impression critique. Il y a différents acteurs qui prennent la parole à travers les médias, donc ceux-ci ne sont pas les seuls à délivrer des informations. Il y a plusieurs personnes qui construisent cet agenda. Les consommateurs des produits médiatiques participent à leur tour, directement ou indirectement, à la construction cet agenda.

Cours 1 : Conceptualisation


Conceptualisation
I- Qu’est ce que la sociologie ?
Sciences humaines et sociales ou de la nature ?
Par sciences humaines et sociales, on entend en général un ensemble de disciplines diverses et hétérogènes, telles que la sociologie, l'économie, l'anthropologie, la psychologie, l'histoire, la géographie, l'archéologie, la linguistique, la communication, voire aussi les sciences de la religion (ou théologie).
Les sciences humaines et sociales excluent :
·         les «sciences de la terre et de la vie » ou «de la nature » (dans le sens d'une opposition entre homme et nature, soit entre culture et nature),
·         les «sciences et techniques » (dans le sens de connaissances pragmatiques, intuitives ou appliquées),
·         les « arts et lettres » (dans le sens des pratiques fondées sur la subjectivité, incompatibles avec une objectivité),
·         le droit appliqué (qui n’est pas une science, par définition, mais des règles).
La sociologie
·         La sociologie peut être définie comme la branche des sciences humaines qui cherche à comprendre et à expliquer l'impact du social sur les représentations (façons de penser) et comportements (façons d'agir) humains. Ses objets de recherche sont très variés puisque les sociologues s'intéressent à la fois au travail, à la famille, aux médias, au sport, aux rapports de genre (hommes/femmes), aux religions, ou encore aux formes de cultures, bref, à l'environnement humain.
·         Science des phénomènes sociaux. La sociologie étudie les comportements sociaux au sein d'un groupe donné (famille, entreprise, parti, etc.) et cherche à dégager des lois en ayant recours à des sondages, des statistiques. La sociologie est une discipline apparue assez tardivement, beaucoup plus récente que la philosophie ou même que l'économie. Elle est née après la première révolution industrielle, et l’invention du moteur à vapeur par James Watt (1765). Cette révolution a ébranlé un ordre ancien, et remis en cause le fonctionnement de la société. Au départ, la sociologie et notamment au travers des écrits d'Émile Durkheim, s'est donné comme objectif de refonder un ordre social qui avait justement été ébranlé par les révolutions, mais aussi par la montée de l’individualisme. La sociologie a pour but de recréer un ordre dans la société.
II- Qu’est-ce que la communication ?
La communication est un champ très vaste. C’est une interdiscipline. Le terme concerne l’Homme, la machine, les médias, les animaux, les entreprises, les plantes, etc. Il est donc impératif de bien définir les concepts.
Définition générale de la communication
La communication est un processus interactif de construction du sens. C’est un acte d’information : dans toute communication, il y a nécessairement transmission d’information. Mais elle est plus qu’un simple échange d’informations entre un émetteur et un récepteur. C’est un processus de partage de sens par l’interprétation réciproque de signes.
Le schéma mécaniste (Shannon) habituellement enseigné de la communication où «l’émetteur» envoie un signal au «récepteur» donne une image figée de la situation de communication : en effet l’émetteur apparaît comme le sujet actif et le «récepteur» comme le sujet passif. En fait il s’agit d’un échange «social» entre acteurs dans une situation donnée et il est préférable de parler de communication «inter-humaine».
Les modèles de communication
1.Modèle de Shannon et Weaver (1949)
Shannon était un ingénieur, Weaver, un philosophe. Leur préoccupation essentielle était de régler les problèmes de transmission télégraphique : le signal devait arriver au niveau de la cible dans l'état le plus proche de ce qu'il était au niveau de la source. Ce signal peut être affecté ou brouillé, voir déformé par un phénomène de bruit. La communication est réduite à la transmission d'une information.
SOURCE - MESSAGE -(bruit)- CODAGE - DÉCODAGE - MESSAGE - DESTINATAIRE
AVANTAGES : ce modèle va mettre en lumière les facteurs qui vont perturber la transmission de l'information (bruit).
INCONVÉNIENT: c'est un schéma simpliste qui ne peut s'appliquer à toutes les situations de communications. Il ignore la pluralité des récepteurs. Il laisse de coté les éléments psychologiques et sociologiques. Il y a absence de boucle de rétroaction.
2.Modèle de Lasswell
Il fut l'un des premiers à s'intéresser à la communication de masse. Selon lui, on peut décrire "convenablement une action de communication en répondant aux questions suivantes " : Qui, dit quoi, par quel canal, a qui et avec quel effet ? "

- QUI : correspond à l'étude sociologique des milieux et organismes émetteurs (motivation de communiquer).


- DIT QUOI : se rapporte au message, à l'analyse de son contenu.
- PAR QUEL CANAL : désigne l'ensemble des techniques qui à un moment donné et pour une société déterminée, diffusent à la fois l'information et la culture.
- A QUI : vise l'audience, les publics avec des analyses selon des variables (âges, sexe...)
- AVEC QUEL EFFET : suppose une analyse des problèmes d'influence du message sur l'auditoire.
Le modèle de Lasswell conçoit la communication comme un processus d'influence et de persuasion.
AVANTAGES : L'intérêt essentiel de ce modèle est de dépasser la simple problématique de la transmission d'un message et d'envisager la communication comme un processus dynamique avec une suite d'étapes ayant chacune leur importance, leur spécificité et leur problématique. Il met aussi l'accent sur la finalité et les effets de la communication.
LES LIMITES : Il s'agit d'un modèle assez simpliste. Le processus de communication est limité à la dimension persuasive. La communication est perçue comme une relation autoritaire. Il y a absence de toute forme de rétroaction, et le contexte sociologique et psychologique n'est pas pris en compte.
Avec ces 2 modèles, la communication est vue comme un processus linéaire centré sur le transfert d'informations. De plus, ils présentent des situations de communication dégagées de tout contexte. Ces modèles sont tirés des héritiers d'une tradition psychologique (Béhavioristes). Le rôle de l'émetteur et du récepteur sont totalement différenciés. Le récepteur est considéré comme passif, ce qui est tronqué car il existe une inter-influence entre l'émetteur et le récepteur.
En introduisant la notion de contexte et de Feedback, certains chercheurs ont tenté de corriger les défauts de ces premiers modèles.

3.Modèle de Riley
Dans ce modèle, les auteurs nous rappellent que nous sommes des individus qui appartiennent à des groupes. Le communicateur et le récepteur sont donc restitués dans des groupes primaires (familles, communauté, petits groupes...). Ces groupes primaires sont des groupes d'appartenance, ils influent la façon de voir et de juger. Ces groupes évoluent eux-mêmes dans un contexte social dont ils dépendent.
L'avantage de ce modèle, c'est l'apparition d'une boucle de rétroaction entre l'émetteur et le récepteur qui montre l'existence d'un phénomène de réciprocité, d'une inter-influence entre les individus en présence.
LE FEED-BACK (les travaux de Wiener sur la cybernétique)
Le feed-back désigne la réaction du récepteur au message émit et son retour vers l'émetteur. Cette notion de Feed-Back a permis aux chercheurs en sciences-sociales, de franchir un pas en passant d'une vision linéaire de la communication, à la conception d'un processus circulaire. On distingue 2 formes de Feed-Back : le Feed-Back positif et le Feed-Back négatif. Le Feed-back positif est celui qui conduit à accentuer un phénomène avec un effet boule de neige (énervement entre 2 personnes). Le Feed-back négatif peut être considéré comme un phénomène de régulation qui tend à maintenir la relation dans un état de stabilité et d'équilibre.
L'ÉCHANGE LANGAGIER
L'intérêt essentiel des linguistes, c'est d'avoir rompu avec la perception mécaniste. Ils ont montré que la communication impliquée de nombreux facteurs remplissant des fonctions diversifiées qui concourent tous à la signification du message.
4. Modèle de Jakobson
Le modèle de Jakobson développe une réflexion sur le message dans la communication verbale. Ce modèle est composé de 6 facteurs : le destinateur; le message; le destinataire; le contexte; le code; le contact.

Le message suppose un codage et un décodage, d'où l'introduction du facteur code.


Le contact est la liaison physique et psychologique entre l'émetteur et le récepteur.
Le contexte est l'ensemble des conditions sociales.
La principale originalité de ce modèle, c'est qu'a ces 6 facteurs correspond 6 fonctions:
·         La fonction expressive : Consiste à informer l'émetteur sur la personnalité de celui qui transmet le message : volonté d'exprimer les pensées, les critiques à leur égard.
·         La fonction conative : cette fonction va efforcer le destinateur à agir sur le destinataire (inciter à écouter, à agir, à émouvoir). Cette fonction apparaît clairement dans les situations ou la finalité de la communication est de faire agir le destinataire, dans le sens souhaité par le destinateur.
·         La fonction phatique : cette fonction est relative au contact. Elle permet de provoquer et de maintenir le contact. (Utilisée dans la publicité, elle est souvent visuelle, couleurs flashy. Il peut s'agir aussi des figures de rhétoriques.)
·         La fonction métalinguistique : Cette fonction s'exerce lorsque l'échange porte sur le code lui-même et que les partenaires vérifient qu'ils utilisent bien le même code. Cette fonction consiste donc à utiliser un langage pour expliquer un autre langage. Fonction de traduction. (est-ce que vous me suivez ?) (Dans une publicité, un slogan écrit en anglais dans une pub française, rappel l'origine de la marque.)
·         La fonction référentielle : Cette fonction est orientée vers le contexte dans la mesure où c'est de lui que va dépendre le message.
·         La fonction poétique : Ne se limite pas à la seule poésie, car tous message est expressif. Cette fonction se rapporte à la forme du message dans la mesure ou elle a une valeur expressive propre.
En analysant ces 6 fonctions du langage, dont Jakobson dit qu'elles "ne s'excluent pas les unes les autres, mais que souvent elles se superposent" on peut remarquer que : 3 d'entre elles (expressive - conatif - phatique) sont du domaine du langage analogique, c'est à dire de la relation. Les 3 autres (référentielle - métalinguistique - poétique) sont du domaine du langage digital, c'est à dire du contenu.
Caractéristiques de la communication
Toute communication peut être caractérisée par :
·         Ses composantes : les acteurs, le message, le canal, les stratégies utilisées, le contexte et le sens de la communication
·         Son type: interpersonnel, de groupe, de masse…
III- Qu’est-ce que la communication de masse ?
La communication de masse est l'ensemble des techniques qui permettent de mettre à la disposition d'un vaste public toutes sortes de messages.
On peut considérer que cette communication débute vers la fin du XIXe siècle avec le développement de la presse. C'est la periode durant laquelle apparaît la réclame. Les progrès techniques permettent de diffuser de la culture au peuple et la communication de masse jouit de cette bonne réputation jusqu'à la fin des années 30. La montée des totalitarismes remet en question cette confiance ; rapidement, la communication de masse devient indissociable de la propagande. Son aboutissement est la standardisation des émetteurs, des récepteurs ainsi que du produit culturel.
On simplifie la culture : Il faut des œuvres accessibles pour le peuple, on cherche le plus petit dénominateur commun. Les démocrates veulent croire à un enrichissement de la culture commune aux citoyens quand les régimes totalitaires recherchent une adhésion au chef.
Quelle différence entre communication de masse et de groupe ?
 Il convient de distinguer communication de masse et communication de groupe. La seconde est dérivée de la première, c'est un affinage de la première. La différence fondamentale est que la communication de groupe est ciblée sur un ensemble de récepteurs qui partagent un champ commun tandis que la communication de masse est dirigée vers le maximum de récepteurs possibles sans limite de champs communs. A l'origine, la communication de masse était plus informative et plus directionnelle alors que la communication de groupe était surtout promotionnelle et influente. De plus en plus, la communication de masse tend vers celle de groupe, ainsi par exemple la presse se diversifie et se spécialise davantage afin d'attirer un lectorat plus ciblé; la télévision et la radio - considérés comme des médias de masse en puissance pendant des années - permettent de plus en plus d'interactivité et la présence de plus en plus importante de la publicité dans ces deux médias les contraint à adapter de plus en plus les messages qu'ils diffusent à un public mieux cerné (ex. la télé réalité qui cible, en fonction des programmes, surtout les enfants, les adolescents et les jeunes adultes ou encore les chaînes thématiques).
Internet, communication de masse ou de groupe ?
Le contenu du message véhiculé par le net et sur le net peut varier et s'adapter à une situation. Ainsi, la communication par internet peut elle être tantôt de groupe (ex. le mail, les réseaux sociaux, les forums...) tantôt de masse (ex. les sites d'informations, les sites d'entreprises ou d'institutions qui servent de vitrines de présentation générale...).



Syllabus


Syllabus du cours
·         Présentation du cours
·         Plan du cours
·         Modalités d’évaluation
·         Blog du cours

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Présentation du cours
Le cours d’initiation à la sociologie de la communication est axé sur des questions auxquelles les étudiants doivent apprendre à répondre en mobilisant des concepts et des théories. « Sociologie de la communication » est entendue au sens large comprenant les dimensions de communication, d’influence, de coordination et des médias qui mettent en forme les messages véhiculés dans la société. Le cours s’articule autour de trois dimensions majeures. Dans un premier temps, un travail de conceptualisation cernera les concepts clés de la discipline et présentera la terminologie, qui lui est propre, indispensable à la compréhension de la matière. Dans un deuxième temps, il s’agira de traiter des diverses approches, modèles et paradigmes intrinsèques à ce champ d’étude. Des notions comme la propagande et la « culture de masse » seront abordées. Nous essayerons en ce sens d’exposer les tendances théoriques portant sur les effets directs et indirects sur le public des « mass média ». Nous traiterons dans un troisième et dernier axe, la question de la sociologie des usages des nouvelles technologies de la communication et de information, Internet notamment. Nous essayerons de mettre cet axe en relation avec le contexte tunisien pour aborder la question de l’appropriation de la technologie par le l’usager tunisien.
À la fin du cours, l’étudiant devrait être capable de :
·         Connaitre les grands paradigmes sociologiques et communicationnels
·         Définir la sociologie de la communication et son champ d’étude
·         Mettre en relation les concepts et les paradigmes avec le contexte tunisien et développer un esprit critique par rapport à ce champ d’étude
·         Formuler une esquisse de problématique de recherche en sociologie de la communication
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Plan du cours
Semestre I
I Conceptualisation et terminologie      
·         Sociologie ?
·         Communication ?
·         Communication de masse
·         Sociologie de la communication ?
·         De la sociologie de la communication à la sociologie des médias
II Sociologie des médias : définition du concept « médias »
·         Un peu d’histoire…
·         Les médias et la construction de la réalité
ü  Le processus de construction de la réalité
ü  La sélection de l’information
ü  Le phénomène de l’agenda
III) Approches, modèles et paradigmes : approches européennes et américaines
IV) La peur des médias : propagande et « culture de masse »
A. Théorie des effets directs : le réductionnisme behavioriste
B. L'école de Francfort
Semestre II
I) Une remise en cause de l'hypothèse des effets directs : la théorie de Lazarsfeld : le flux de communication à deux étages
II) Sociologie des usages
·         Internet et TIC (Technologies de l’information et de la communication)
·         Historique de l’émergence d’Internet
·         La polémique Internet
·         Les fondamentalistes (Pierre Lévy et Manuel Castells)
·         Les méfiants et les farouches (Thierry Breton, Dominique Wolton et Ignacio Ramonet)
·         Les nuancés (Jérémy Blampain et Lilian Palut)
·         L’imaginaire lié à Internet et à la technologie : fantasmes et frayeurs
·         Les 7 notions de Scardigli
·         Le Knowledge gap ou écart de connaissance
III) Une sociologie d’usage de la technologie en Tunisie : téléphone portable et Internet
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Modalités d’évaluation
Examen final 
·         Volet théorique  (x 2)
Contrôle continu 
·         Questions se rapportant à l’une des parties du cours (x 1).
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Blog du cours
www.sociocommunication.blogspot.com