lundi 23 avril 2012

cours 7 : Les 7 notions de Scardigli


Scardigli met en avant 7 notions où l’émergence des nouvelles technologiques peut être positive ou négative.
1-la liberté
Les nouvelles technologies sont porteuses de liberté car elles n’offrent aucune limite de temps. Elles offrent une grande liberté d’expression, surtout dans les pays dictatoriaux.
Les SMS sont aussi fort utilisés dans le cadre de la liberté collective et d’une mobilisation spontanée. Cependant, les nouvelles technologies peuvent aussi être liberticides dans le sens du non-respect des droits d’auteur. On s’octroie une liberté qui est contraire à la liberté de l’autre.  Les caméras de surveillance posent aussi la question de la liberté de la vie privée.
2-la sécurité
Il y a des gens favorables aux caméras de surveillance car ça leur donner l’impression d’être sécurisés. Le commerce électronique procure aussi une certaine sécurité quant aux payements. Cependant, on peut imaginer des images volées et qui peuvent être déformées. Il y a un non-respect de la vie privée quant aux photos.
3-la justice
La justice, dans le sens d’équité sociale, peut se servir des nouvelles technologies pour arriver à une société plus juste, basée sur l’échange, la coopération et le partage des idées.  Au niveau des frayeurs, les nouvelles technologies développent les inégalités en renforçant la fracture numérique entre ceux qui maîtrisent et ceux qui ne maîtrisent pas.
4-la solidarité
Les nouvelles technologies apporteraient une solidarité entre l’Occident et les pays du Tiers Monde.  Cependant, pour pouvoir partager le savoir, il faut aussi prendre en compte l’aspect économique et la possibilité qu’ils aient accès au savoir. On risque aussi de détruire toute diversité culturelle.
 5-la communication humaine
Les nouvelles techniques ouvrent une nouvelle dimension. C’est la naissance d’une vraie convivialité avec le partage des humeurs. Ca permet aussi de faire connaître des petits groupes et des associations.  Mais certains disent que ce n’est pas du tout l’Agora planétaire, mais plutôt une solitude interactive. Il y a aussi le risque de vider les vrais lieux de convivialité (cinéma, théâtre, etc).
6-la prospérité économique
Certains disent que l’arrivée de nouvelles technologies est une chance exceptionnelle pour l’expansion économique car c’est la chance de passer d’une économie industrielle polluante à une économie électronique non-polluante. Par contre, d’autres disent que ça va accroître le chômage.
7-le savoir
Les nouvelles technologies vont ouvrir à l’infini les techniques de l’apprentissage. Cependant, ça reste dangereux car on n’est jamais certain de la fiabilité des sites. Ca peut aussi nous amener vers une certaine paresse (inactivité) intellectuelle.





jeudi 8 mars 2012

Cours 6 : Les diverses positions à l'égard d'Internet


Les diverses positions à l’égard d’Internet

La polémique Internet

Internet a créé beaucoup de polémiques et a amené 3 types de réactions :
-          les fondamentalistes, admirateurs d’Internet
-          les farouches et les méfiants
-          les nuancés

Les fondamentalistes

Aujourd’hui, un des plus célèbres artisans de ce courant est Bill Gates.

Pierre Lévy

Pierry Lévy est un philosophe français qui a écrit « World Philosophie ». Il est complètement sous le charme d’Internet, et met en avant de nombreux avantages :
-          Internet permet d’accéder à une nouvelle Agora planétaire, c’est-à-dire un endroit où les gens se rassemblent et discutent beaucoup.
-          Internet permettrait de développer son intelligence.
-          Internet permettrait de remettre sur le devant de la scène des valeurs un peu oubliées comme la solidarité et la démocratie participative.
-          Internet est devenu un auto-média par lequel on peut s’informer de la manière dont on veut.
-          Internet va enfin permettre de vivre dans un monde beaucoup plus transparent. Les fondamentalistes sont des paranoïaques du fait qu’on leur cache quelque chose.
Les détracteurs diront qu’Internet donne plus une coexistence plutôt qu’un rassemblement. Ils critiquent aussi l’idée de transparence car ce n’est pas forcément mieux de savoir tout, car il faut une limite à l’intimité.

Manuel Castells

Manuel Castells a écrit « La Société des réseaux » et s’est interrogé sur l’explosion de la société numérique. Il insiste sur le fait qu’internet permet une sorte de capitalisme informationnel. Tout ce qui est source d’informations traditionnelles va s’affaiblir et il va falloir une réorganisation de l’autorité. C’est l’avènement d’un monde sans entraves bureaucratiques, on peut avoir accès à tout, tout le temps.

Les méfiants et les farouches

Thierry Breton

Thierry Breton a écrit « Le culte d’Internet » en 2000, où il veut qu’on arrête de considérer Internet comme une religion. Il veut aussi qu’on arrête d’être obsédé par cette utopie de la transparence, car le monde ne serait pas forcément meilleur si on pouvait tout voir. Cette obsession nous pousse aussi à croire qu’on n’a plus besoin des intermédiaires du savoir.
Pour Breton, Internet devient une communication avec rejet des corps, c’est une solitude collectiviste. Pour entrer en communication avec quelqu’un, il faut le rencontrer. De plus, il ne faut pas nécessairement prendre pour meilleur ce qui est nouveau, et pour crédible ce qui est technique.

Dominique Wolton

Dominique Wolton dit qu’on fait de moins en moins confiance à la science, à la politique ou encore à la religion. Pour les remplacer, on a la superstition (l’impression) que la communication peut aider en ce sens. Il dit aussi que rien ne peut remplacer la communication humaine directe.
Il faut aussi se méfier des « multi-branchements », car l’Homme peut devenir enchaîné à ces fils invisibles de la communication (téléphone, Internet, fax,…). Au final, ils tentent de faire comprendre que l’humain est tellement complexe qu’une machine ne pourra jamais le remplacer.

Les nuancés

Jérémy Blampain et Liliane Palut

Ces deux Belges ont écrit un ouvrage, « Résistance sur Internet ». Pour eux, le Web est la nouvelle comédie humaine. C’est un clin d’œil à Balzac qui avait écrit « La comédie humaine » où il faisait un travail de sociologue en voulant s’intéresser à toutes les différentes classes sociales.
Aujourd’hui, sur le Web, il y a tout ce qui peut intéresser l’Homme : ses peurs, ses envies ou encore ses besoins. Le Web est le reflet de la réalité avec ses qualités et ses défauts. Ils différencient le web individuel et le web commercial. L’outil Internet, au départ, a été conçu par des militaires américains pour pouvoir s’échanger des informations à des fins stratégiques. Après cela, c’est le milieu universitaire qui profitera de cet outil afin de permettre aux différentes universitaires de communiquer entre eux.
A partir d’un certain moment, la sphère marchande a compris qu’Internet pourrait être un très bon marché et a lancé le concept de bannière. Un peu plus tard, c’est dans les administrations qu’Internet se développe, pour finalement arriver dans les foyers et pour le grand public.
Pour ces deux sociologues, le web commercial a tout percuté en étant guidant par la logique du profit. Le Web a commencé à être inondé de sites malsains et de publicités à des fins commerciales. Le Web indépendant est l’autre partie de l’Internet, une partie qui vise seulement l’information.

L’imaginaire lié à Internet et à la technologie

En 1992, Vincent Scardigli, dans son livre « Le sens de la technique », fait l’inventaire des différents fantasmes et frayeurs liés à l’Internet. Les technologies n’ont jamais laissé indifférent, et il veut les analyser. Fantasmes et frayeurs sont liés 2 mythes.

Fantasmes

Les fantasmes sont liés au mythe du progrès scientifique, l’espoir que les techniques vont amener l’Homme à un nouveau stade de la civilisation.

Frayeurs

Cela souligne l’idée que toute découverte humaine peut un jour se retourner sur l’Homme. On peut en arriver à la notion de Big Brother informatique qui peut tout surveiller, ou encore le nucléaire qui, une fois utilisé dans le mauvais sens ne peut que nuire à l’humanité.



lundi 20 février 2012

Cours 5 : Internet et les TIC


Internet et les TIC (Technologies de l’information et de la communication)

Internet est souvent appelé la galaxie cyber ou encore le cyberespace. Le terme « cyber » est un dérivé d’un mot grec qui signifie « gouverner ». Internet est souvent décrit comme étant une révolution dans la communication, révolution d’influence comparable à l’invention de l’imprimerie.
Internet représente une première dans l’Histoire, dans le sens où c’est la première fois qu’on possède une adresse non définie géographiquement. Cette nouvelle technologie annule les distances. C’est un outil planétaire, instantané et ubiquitaire, c’est-à-dire qu’il est partout à la fois.  Avec Internet, il y a une abolition du statut de producteur et de receveur d’informations : on peut être les deux en même temps.
Le «World Wide Web»
On appelle «Web» (nom anglais signifiant «toile»), contraction de «World Wide Web» (d'où l'acronyme www), une des possibilités offertes par le réseau Internet de naviguer entre des documents reliés par des liens hypertextes. Le concept du Web a été mis au point au CERN (Centre Européen de Recherche Nucléaire) en 1991 par une équipe de chercheurs à laquelle appartenaient Tim-Berners LEE, le créateur du concept d'hyperlien, considéré aujourd'hui comme le père fondateur du Web.
Le principe de web repose sur l'utilisation d'hyperliens pour naviguer entre des documents (appelés «pages web») grâce à un logiciel appelé navigateur (en anglais browser). Une page web est ainsi un simple fichier texte écrit dans un langage de description (appelé HTML), permettant de décrire la mise en page du document et d'inclure des éléments graphiques ou bien des liens vers d'autres documents à l'aide de balises.
Au-delà des liens reliant des documents formatés, le web prend tout son sens avec le protocole HTTP permettant de lier des documents hébergés par des ordinateurs distants (appelés serveurs web, par opposition au client que représente le navigateur). Sur Internet les documents sont ainsi repérés par une adresse unique, appelée URL, permettant de localiser une ressource sur n'importe quel serveur du réseau internet.

Comment est géré Internet

Ce qui fait la force, mais aussi la faiblesse d'Internet, c'est qu'il n'a pas de directeur ou de chefs qui contrôle les informations disponibles.  Cette absence de contrôle des données transitant sur le globe, et le fait qu'elles peuvent être accessibles par tous ont donné naissance à un gigantesque débat (sans fin?) dénommé: faut-il censurer Internet ? Si ces inquiétudes et problèmes légaux sont légitimes au premier abord, la solution par le contrôle et la censure d'Internet est totalement inadaptée et hors de proportion. Tout d'abords parce que ce serait extrêmement difficile à mettre en oeuvre, peu fiable, et que l'attrait de l'interdit motive parfois plus que le reste... Ensuite, pour les parents soucieux de l'éducation de leurs enfants, il existe des logiciels paramétrables
filtrant les données indésirables. Quant aux personnes " de bonne moralité ", on pourrait leur dire qu'Internet c'est comme la télévision: on n’est pas obligé de tout regarder…

Chiffres Internet en 2010 (réalisé par Royal Pingdom)
Email
294 milliards emails envoyés chaque jour
1.88 milliards d’utilisateur de boites électroniques
89.1% des emails sont des spams
Les noms de domaine
88,8 millions de noms de domaine .COM à la fin de 2010.
13,2 millions de noms de domaine .NET à la fin de 2010.
8,6 millions de noms de domaine .ORG à la fin de 2010.
Utilisateurs
1.970.000.000 utilisateurs d’Internet à travers le monde (Juin 2010).
825,1 millions d’utilisateurs d’Internet en Asie.
475,1 millions d’utilisateurs d’Internet en Europe.
266,2 millions d’utilisateurs d’Internet en Amérique du Nord.
110,9 millions d’utilisateurs d’Internet en Afrique.
63,2 millions d’utilisateurs d’Internet au Moyen-Orient.
Les médias sociaux :
Facebook.
152 millions de blogs sur Internet.
600.000.000 d’inscrits sur Facebook à la fin de 2010.
70% des inscrits à Facebook hors des Etats-Unis
Vidéos
2 milliards de vidéos vues par jour sur YouTube.
Plus de 2 milliards de vidéos vues par mois sur Facebook.
Images
36 milliards de photos téléchargées sur Facebook par an. 

lundi 30 janvier 2012

Cours 4 : Les théories des effets limités des médias

Les théories des effets limités des médias




Ce chapitre porte sur la manière dont les sciences sociales, à partir des années 1940 et jusqu’aux années 1970, vont susciter un nouveau paradigme. Les chercheurs vont renoncer dans leur majorité au constat d’effet massif des médias, à l’hypothèse de la « seringue hypodermique » (Klapper), c'est-à-dire l’idée que les médias injectent des représentations dans la société à dose massive. Ils vont lui substituer un constat plus rassurant sur le fonctionnement de nos démocraties qui conclue à des effets relatifs, limités des médias sur le public. Lazarsfeld, contemporain d’Adorno, va promouvoir dans les années 1940-1950 une recherche statistique et appliquée, c'est-à-dire à dominante statistique et à finalité d’application. Lazarsfeld est l’un des premiers à travailler empiriquement sur les effets des médias en politique, à partir de leur influence dans les campagnes électorales. C’est le tournant constitué par son ouvrage The People Choice.

I/ The People Choice

Cet ouvrage, The People Choice (1944), que Lazarsfeld a co-dirigé, repose sur une enquête réalisée en 1940 au cours de la campagne présidentielle américaine, dans un comté de l’Ohio. Cette enquête, effectuée sur une durée de six mois, a consisté en un panel (échantillon) de 600 personnes interrogées à quatre reprises au cours de la campagne. Ce panel fut interrogé afin de connaître l’influence des médias sur les évolutions des attitudes et des votes au cours de la campagne. Lazarsfeld a essayé d’identifier les acteurs qui changeaient au cours de la campagne, et d’expliquer pourquoi. Sa première conclusion est que la propagande électorale, produite par les médias, a un effet préférentiel de stimulation de l’attention. Elle éveille l’intérêt et contribue à abaisser le pourcentage de ceux qui ne s’intéressent pas du tout à la campagne. Lazarsfeld cherche à montrer que l’augmentation de l’intérêt naît par l’exposition aux médias, qu’il existe une corrélation entre les deux.

Sa deuxième conclusion est le double phénomène d’attention sélective et de perception sélective. Les électeurs s’exposent en priorité aux arguments, et retiennent en priorité ceux-là, en provenance de ceux avec qui ils sont déjà d’accord. Ainsi, les démocrates se tournent vers les médias démocrates, et les républicains vers les médias républicains. L’essentiel, pour la plupart des individus, est d’éviter la dissonance cognitive, c'est-à-dire éviter d’avoir en tête des perceptions contraires à leurs représentations. Ce mécanisme psycho-sociologique majeur contribue ainsi à relativiser l’effet des médias. La troisième conclusion de cette enquête est le renforcement des opinions avec les médias plutôt qu’un changement d’opinion. Le pourcentage de ceux qui se convertissent à un autre point de vue est très faible : moins de 10 % d’électeurs changeants. Enfin sa quatrième conclusion explique ce mécanisme : c’est en raison du poids du contexte social de réception de l’information. Autrement dit, les individus ne sont pas des tables rases sur lesquelles les médias s’installeraient, mais ils sont pris dans des réseaux sociaux, des environnements sociaux qui les influencent et les structurent. Les individus sont beaucoup plus influencés par des leaders d’opinion présents dans leur entourage que par les médias.

Ce concept de leader d’opinion s’inscrit plus largement dans un modèle de la communication de masse, connu sous le nom de « two step flow of communication ». L’idée est que l’information en provenance des médias de masse est d’abord reçue et filtrée par des leaders d’opinion mieux informés et plus au fait de l’actualité politique, et ces derniers vont la répercuter dans leur entourage (famille, travail, amis). Cela induit que les individus sont indirectement exposés. Cette conclusion plaide pour une diversité de publics réagissant différemment à une même source médiatique. La question qui va se poser ensuite est de fait la question du repérage de ces leaders d’opinions politiques.

II/ Les écrits postérieurs au People Choice et le paradigme des effets limités

A partir de cet ouvrage pionnier que constitue The People Choice, Lazarsfeld va mener une série d’enquêtes regroupées dans Personnel influence, au milieu des années 1950, cosigné avec Elihu Katz. Ainsi, le paradigme des effets limités va être affiné.
Dans cet ouvrage, Lazarsfeld confirme l’existence du phénomène de perception sélective. Il montre que si les conversions apparaissent du fait des médias, elles n’interviennent que sur des individus qui sont déjà clivés dans leurs opinions, sujets à des pressions contradictoires, qui ont des prédispositions conflictuelles. Mais de manière générale, et en majorité, « les personnes n’écoutent que ce qu’elles veulent entendre et ne lisent que les messages qu’elles veulent croire » (cf. Riley et Riley, 1959).

Concernant la recherche sur les leaders d’opinion, Katz et Lazarsfeld vont travailler sur des phénomènes d’opinion très différents, tels que la mode, le cinéma, la diffusion de médicaments dans des groupes de médecins, etc. Ils vont affiner la réflexion sur les phénomènes de diffusion des opinions, et de leaders d’opinion (qui possèdent un statut plus important, sont plus diplômés, …). Katz et Lazarsfeld vont mettre en évidence la crédibilité des sources, à savoir que plus un leader d’opinion est réputé crédible, plus il aura de l’influence.

La théorie des usages et gratifications va parachever ce paradigme et le renforcer. Wilbur Schramm, à propos d’une étude sur les enfants et la télévision, conclut son travail en affirmant que les enfants utilisent la télévision plutôt que la télévision les utilise. A partir de cette recherche et d’autres travaux, le sujet du processus de communication devient un sujet actif, qui recherche plusieurs choses : recherche d’informations sur le monde qui l’entoure (fonction de surveillance du monde grâce aux informations), recherche de l’identité (on construit son identité sur ce que l’on voit dans les médias), puis recherche tout simplement de distraction et compensation de la solitude (les médias jouent un rôle de substitut à l’absence de relations sociales). L’intérêt de ce courant est de renverser les perspectives et de désormais partir du sujet actif, du récepteur plus que de l’émetteur, contredisant par là la vision d’un sujet instrumentalisé, jouet de son environnement médiatique. On en arrive à un degré de réfutation maximal de la théorie des effets massif des médias.

Enfin, en 1960, dans un ouvrage sur les effets de la communication de masse, Josep Klapper résume l’ensemble des variables réintroduites dans l’analyse de ce paradigme des effets limités en écrivant : « les médias ne constituent pas la seule cause nécessaire et suffisante de l’opinion, mais plutôt une cause parmi d’autres facteurs que sont les prédispositions du public, son exposition sélective et sa perception sélective des médias, sa situation socioéconomique, son mode de rattachement à un groupe et son type de personnalité, le même matériau étant différemment perçu et employé en fonction des différentes orientations et appartenances de groupe des membres du public ». Du point de vue de la théorie de la démocratie, on peut dire pour conclure que l’effet des lazarsfeldiennes va être ambivalent. D’une part, il conclut certes à une capacité d’autonomie et de résistance face à la propagande, mais c’est pour mieux affirmer d’autre part que les individus sont soumis à des déterminismes sociaux et des influences sociales qui n’en font pas des êtres de raison détachés de toute influence.

lundi 14 novembre 2011

Cours 3 : Propagande et effet direct sur la masse


Propagande et  effet direct sur la masse

Définition du terme « propagande »
Etymologiquement : vient du latin pour désigner l’idée d’une greffe qui donnera une nouvelle plante. L’idée qui se dégage du terme est donc celle d’une transmission. Terme appliqué à la religion au départ. Il devient péjoratif (négatif) à la fin du XVIIIème siècle et désigne la tentative d’influence et de manipulation de l’opinion par les gouvernants.

I. Théorie des effets directs : le réductionnisme behavioriste
En Europe, mais aussi aux Etats-Unis, la vision de la presse et des grands moyens de communication de masse s’est radicalement transformée au fil du temps. L’engouement initial pour la presse peut s’expliquer par les transformations historiques, idéologiques et technologiques qui caractérisent la période de la fin du XVIIIème à la fin du XIXème siècle : en premier lieu les révolutions américaine et française en 1776 et 1789, puis la loi de 1881 en France consacrant la liberté d’opinion et de la presse, avec entre temps les analyses de Alexis de Tocqueville (1835-1840) voyant dans ce nouveau moyen de communication de masse à la fois un indice et un facteur de promotion de l’idéal démocratique de la société, sans oublier l’apparition de l’électricité, de nouveaux moyens de communication comme le télégraphe.

A ce véritable engouement, vont succéder dès les années 1920 (fin de la Première Guerre mondiale) ce que beaucoup d’auteurs appellent désormais de véritables « paniques morales » autour de la question du pouvoir de manipulation et de propagande des médias. Les progrès techniques dans le domaine de la communication vont avoir un effet important sur l’art de mener les troupes engagées dans la Première Guerre mondiale : les chefs de gouvernement tout comme les chefs de guerre recherchent désormais le soutien et l’adhésion de la population, ce qui signifie clairement que pour justifier l’effort de guerre auprès des citoyens, il faut contrôler l’information, la filtrer afin de discipliner l’opinion publique. Durant les premières décennies du XXème siècle, ce phénomène de prise en compte de l’opinion dans des décisions aussi graves pour un pays que la déclaration et la poursuite d’une guerre apparaît en même temps avec le développement d’un nouveau paradigme (courant) issu de la physiologie et s’imposant avec force en sciences humaines - en psychologie expérimentale en particulier : le behaviorisme ou comportementalisme.

À  cette époque un physiologiste russe, Ivan P. Pavlov, développe et expérimente sur l’animal la théorie du conditionnement des comportements (rappeler ici l’histoire du chien de Pavlov et des stimuli conditionnés : il associe un bruit de clochette à l’apport de nourriture (viande) ; par la suite le seul bruit de clochette suffit à faire saliver le chien). L’hypothèse de Pavlov est mécaniste : les organismes (du règne animal mais aussi les humains) constituent un stock de réponses comportementales qui se déclenchent en présence des stimuli de l’environnement. Ceci correspond au célèbre schéma S-R (Stimulus-Réponse). Les réactions physiologiques de l’organisme sont des réflexes, des réponses automatiques déclenchées, conditionnées par des stimuli de l’environnement directement observables et mesurables. Mais c’est surtout aux Etats-Unis que cette thèse du conditionnement aura un retentissement considérable sur la psychologie. Il n’y a pas, de ce point de vue, rupture ou discontinuité entre l’animal et l’Homme.

La thèse du conditionnement comportemental va être reprise, de façon assez élémentaire et réductrice, dans les analyses européennes et américaines des médias de masse et sera désormais désignée sous le terme des effets forts de la propagande :

- En Europe, elle est illustrée en 1939 par Serge Tchakhotine alors réfugié en France, dans son ouvrage Le viol des foules par la propagande politique (traduit et réédité chez Gallimard en 1959, puis 1992). Ce sont cette fois-ci des conduites aussi complexes que l’engagement et les actes politiques qui sont interprétées comme des réponses directes à des actions d’influence et de manipulation mentale menées par les gouvernements totalitaires. Le reflexe pavlovien appliqué à la puissance de la propagande se traduit chez cet auteur par l’idée que l’on peut provoquer chez le public un état « d’affaiblissement généralisé » pour en faire une masse « suggestible » qu’on peut alors manœuvrer comme on veut. Il suffit pour cela de manipuler des stimuli verbaux (formules simples, concises) visant directement à éveiller des émotions comme la peur, le désespoir, le désir… Il faut répéter aussi souvent que possible ce scénario, et à la longue, le récepteur recevra ces formules comme de véritables prescriptions, des stimuli qui déclencheront le réflexe conditionnel d’obéissance. Il existe néanmoins au sein de la population des différences notables entre groupes humains quant à leur suggestibilité (possibilité d'influence) : ceux qui résistent à la propagande sont ceux dont le niveau d’éducation permet une analyse plus approfondie des situations et une régulation plus forte de leurs émotions, mais pour la masse une propagande fondée sur les principes de Pavlov produit les effets escomptés : elle réduit les gens à des « esclaves psychiques », des « robots ».

- Aux Etats-Unis, c’est un politologue, Arnold Lasswell, qui va se réapproprier la thèse du behaviorisme dans une visée davantage instrumentale : comment dans une société démocratique les gouvernements peuvent tirer le meilleur parti de l’utilisation des « effets de stimuli » des médias sur la population ? Il publiera ainsi en 1927 un ouvrage qui prend la forme d’un véritable « manuel à l’usage des gouvernants en temps de guerre » : Propaganda Techniques in the World War. Lasswell fait une analyse détachée des techniques d’influence et de persuasion qui peut aider l’Etat à guider la population. Il nommera d’ailleurs l’influence subie par les masses et utilisée par l’émetteur par une expression maintenant bien connue dans le champ de la sociologie des médias : la seringue ou aiguille hypodermique (« hypodermic needle »). Cette expression traduit parfaitement l’appropriation du schéma behavioriste dans l’explication des effets directs des médias : on peut « injecter » n’importe quelle idée, induire n’importe quel comportement chez n’importe qui.

En conclusion
Nous pouvons faire ici une conclusion provisoire sur ce qui caractérise ce courant de pensée des effets forts et directs des médias : pour les tenants du behaviorisme les médias influencent et manipulent le public. Ce dernier n’a généralement aucune possibilité de leur résister. Cette approche sera relativisée voire même complètement écartée par d’autres courants.

Cours 2 : Sociologie des médias


Sociologie des médias
I. De la sociologie de la communication à la sociologie des médias
On avait précisé dans les précédentes séances que la sociologie de la communication essaye de traiter les phénomènes communicationnels dans leur diversité. Elle s’intéresse par exemple à la communication dans sa dimension humaine et dans sa dimension matérielle. Dans ce cours on s’intéressa à un des aspects de la sociologie de la communication à savoir la sociologie des médias. Autrement dit, on essayera d’étudier des questions relatives à l’impact des médias sur la société ainsi que sur les représentations (façon de penser) et les comportements (façon d’agir) des individus.
II. Définition du concept « Média »
Média vient du latin medius, littéralement « qui est au milieu ». C’est donc une relation entre émetteur et récepteur mais sans qu’il y ait possibilité d’interaction entre eux : ce n’est donc pas une communication interindividuelle en face-à-face, ni une communication organisationnelle en petits groupes.
Terminologie :
- Au pluriel : médias
- Soit dans le sens de média comme ci-dessus
- Au singulier en français : Médium :
- Soit dans le sens du support et des procédés techniques utilisés par le canal de transmission du message (procédés électroniques visuels et/ou oraux ; papier…)
- Mass média (invariable) : terme anglais et repris en français = moyens de communication de masse, ou médias de masse ou tout simplement médias.
- Médias « interactifs » : ex : l’ordinateur
- Micro-médias : ex : le téléphone
Le processus de construction de la réalité se base sur la question : « Pourquoi certains sujets sont-ils traités par les médias, arrivent-ils devant la scène ?
La sélection de l'information
Les médias filtrent l'information. Depuis quelques années, il y a de plus en plus de critères qui conditionnent le filtrage :
1.    La crédibilité de l’information : il faut que l’information soit véridique, qu’elle émane de sources officielles.
2.    L’attractivité de l’information
3.    L’actualité : l’information doit être récente, les journalistes réduisant de plus en plus l’écart entre le fait et le moment où l’information est donnée.
4.    La proximité : on choisit des événements localisés.
5.    Les critères psychoaffectifs : on fait ressortir des événements fortement émotionnels.
6.    Les présupposés idéologiques : ils souvent liés à des intérêts économiques et sociaux. On montre des événements sous des fragments de réalité bien précis. Exemple : en 1991, aux Etats-Unis, pendant la guerre du Golfe, 6 secondes d’antenne ont été accordées à 50000 pacifistes réunis sur la côte Ouest, alors que 13 secondes le furent pour une petite centaine de pro-gouvernementaux sur la côte Est.
7.    La concurrence : les médias se scrutent, s’observent et veulent se surpasser.
8.    Les contraintes liées au format et au support : dans les journaux, on n’aborde pas certains sujets car on n’a plus de place ou pas de reporters sur place.
9.    Les stéréotypes : un stéréotype est une opinion, une idée préconçue de quelque chose. Le stéréotype s’implique dans la logique du « faire simple », on simplifie la réalité. Ce sont des idées sournoises qui s’inscrivent dans l’esprit collectif. Dans les médias, certains groupes sociaux sont stéréotypés, diabolisés. Ce sont des représentations discriminantes.

L'agenda setting

La théorie de l'agenda setting, formulée par Maxwell McCombs et Donald Shaw dans les années 1970 appartient à la grande famille des théories de la communication appliquées aux média de masse. Il ne s'agit pas d'aider les gens à être à l'heure ! Agenda setting doit être compris au sens d'établir des priorités. L'idée est que la hiérarchisation de l'information à laquelle se livrent les médias (qu'est-ce qui doit occuper la première page ? Les titres du 20 h ?) forme l'opinion publique plus que les contenus des médias eux-mêmes : C'est cela l'effet le plus important de la communication de masse : sa capacité à hiérarchiser et à organiser mentalement le monde à notre place. Bref, si les médias de masse ne parviennent pas à nous dire quoi penser, mais ils réussissent étonnamment bien à nous dire à quoi penser.
Les médias ont un rôle dans l’agenda (l’organisation) des priorités.
Le cadrage ou « framing »
Le cadrage est un phénomène beaucoup étudié par des sociologues japonais et qui consiste en un choix des médias d’une certaine façon de présenter le thème. La façon dont on le présente a souvent une incidence sur la façon dont il est perçu. Il y a souvent un parallèle entre le cadrage et l’interprétation des événements.

Conclusion

Ce phénomène de construction de la réalité montre que les médias ont une influence idéologique puisqu’ils choisissent les thèmes mis en avant. L’hétérogénéité des médias permet de ne pas se contenter d’une impression critique. Il y a différents acteurs qui prennent la parole à travers les médias, donc ceux-ci ne sont pas les seuls à délivrer des informations. Il y a plusieurs personnes qui construisent cet agenda. Les consommateurs des produits médiatiques participent à leur tour, directement ou indirectement, à la construction cet agenda.

Cours 1 : Conceptualisation


Conceptualisation
I- Qu’est ce que la sociologie ?
Sciences humaines et sociales ou de la nature ?
Par sciences humaines et sociales, on entend en général un ensemble de disciplines diverses et hétérogènes, telles que la sociologie, l'économie, l'anthropologie, la psychologie, l'histoire, la géographie, l'archéologie, la linguistique, la communication, voire aussi les sciences de la religion (ou théologie).
Les sciences humaines et sociales excluent :
·         les «sciences de la terre et de la vie » ou «de la nature » (dans le sens d'une opposition entre homme et nature, soit entre culture et nature),
·         les «sciences et techniques » (dans le sens de connaissances pragmatiques, intuitives ou appliquées),
·         les « arts et lettres » (dans le sens des pratiques fondées sur la subjectivité, incompatibles avec une objectivité),
·         le droit appliqué (qui n’est pas une science, par définition, mais des règles).
La sociologie
·         La sociologie peut être définie comme la branche des sciences humaines qui cherche à comprendre et à expliquer l'impact du social sur les représentations (façons de penser) et comportements (façons d'agir) humains. Ses objets de recherche sont très variés puisque les sociologues s'intéressent à la fois au travail, à la famille, aux médias, au sport, aux rapports de genre (hommes/femmes), aux religions, ou encore aux formes de cultures, bref, à l'environnement humain.
·         Science des phénomènes sociaux. La sociologie étudie les comportements sociaux au sein d'un groupe donné (famille, entreprise, parti, etc.) et cherche à dégager des lois en ayant recours à des sondages, des statistiques. La sociologie est une discipline apparue assez tardivement, beaucoup plus récente que la philosophie ou même que l'économie. Elle est née après la première révolution industrielle, et l’invention du moteur à vapeur par James Watt (1765). Cette révolution a ébranlé un ordre ancien, et remis en cause le fonctionnement de la société. Au départ, la sociologie et notamment au travers des écrits d'Émile Durkheim, s'est donné comme objectif de refonder un ordre social qui avait justement été ébranlé par les révolutions, mais aussi par la montée de l’individualisme. La sociologie a pour but de recréer un ordre dans la société.
II- Qu’est-ce que la communication ?
La communication est un champ très vaste. C’est une interdiscipline. Le terme concerne l’Homme, la machine, les médias, les animaux, les entreprises, les plantes, etc. Il est donc impératif de bien définir les concepts.
Définition générale de la communication
La communication est un processus interactif de construction du sens. C’est un acte d’information : dans toute communication, il y a nécessairement transmission d’information. Mais elle est plus qu’un simple échange d’informations entre un émetteur et un récepteur. C’est un processus de partage de sens par l’interprétation réciproque de signes.
Le schéma mécaniste (Shannon) habituellement enseigné de la communication où «l’émetteur» envoie un signal au «récepteur» donne une image figée de la situation de communication : en effet l’émetteur apparaît comme le sujet actif et le «récepteur» comme le sujet passif. En fait il s’agit d’un échange «social» entre acteurs dans une situation donnée et il est préférable de parler de communication «inter-humaine».
Les modèles de communication
1.Modèle de Shannon et Weaver (1949)
Shannon était un ingénieur, Weaver, un philosophe. Leur préoccupation essentielle était de régler les problèmes de transmission télégraphique : le signal devait arriver au niveau de la cible dans l'état le plus proche de ce qu'il était au niveau de la source. Ce signal peut être affecté ou brouillé, voir déformé par un phénomène de bruit. La communication est réduite à la transmission d'une information.
SOURCE - MESSAGE -(bruit)- CODAGE - DÉCODAGE - MESSAGE - DESTINATAIRE
AVANTAGES : ce modèle va mettre en lumière les facteurs qui vont perturber la transmission de l'information (bruit).
INCONVÉNIENT: c'est un schéma simpliste qui ne peut s'appliquer à toutes les situations de communications. Il ignore la pluralité des récepteurs. Il laisse de coté les éléments psychologiques et sociologiques. Il y a absence de boucle de rétroaction.
2.Modèle de Lasswell
Il fut l'un des premiers à s'intéresser à la communication de masse. Selon lui, on peut décrire "convenablement une action de communication en répondant aux questions suivantes " : Qui, dit quoi, par quel canal, a qui et avec quel effet ? "

- QUI : correspond à l'étude sociologique des milieux et organismes émetteurs (motivation de communiquer).


- DIT QUOI : se rapporte au message, à l'analyse de son contenu.
- PAR QUEL CANAL : désigne l'ensemble des techniques qui à un moment donné et pour une société déterminée, diffusent à la fois l'information et la culture.
- A QUI : vise l'audience, les publics avec des analyses selon des variables (âges, sexe...)
- AVEC QUEL EFFET : suppose une analyse des problèmes d'influence du message sur l'auditoire.
Le modèle de Lasswell conçoit la communication comme un processus d'influence et de persuasion.
AVANTAGES : L'intérêt essentiel de ce modèle est de dépasser la simple problématique de la transmission d'un message et d'envisager la communication comme un processus dynamique avec une suite d'étapes ayant chacune leur importance, leur spécificité et leur problématique. Il met aussi l'accent sur la finalité et les effets de la communication.
LES LIMITES : Il s'agit d'un modèle assez simpliste. Le processus de communication est limité à la dimension persuasive. La communication est perçue comme une relation autoritaire. Il y a absence de toute forme de rétroaction, et le contexte sociologique et psychologique n'est pas pris en compte.
Avec ces 2 modèles, la communication est vue comme un processus linéaire centré sur le transfert d'informations. De plus, ils présentent des situations de communication dégagées de tout contexte. Ces modèles sont tirés des héritiers d'une tradition psychologique (Béhavioristes). Le rôle de l'émetteur et du récepteur sont totalement différenciés. Le récepteur est considéré comme passif, ce qui est tronqué car il existe une inter-influence entre l'émetteur et le récepteur.
En introduisant la notion de contexte et de Feedback, certains chercheurs ont tenté de corriger les défauts de ces premiers modèles.

3.Modèle de Riley
Dans ce modèle, les auteurs nous rappellent que nous sommes des individus qui appartiennent à des groupes. Le communicateur et le récepteur sont donc restitués dans des groupes primaires (familles, communauté, petits groupes...). Ces groupes primaires sont des groupes d'appartenance, ils influent la façon de voir et de juger. Ces groupes évoluent eux-mêmes dans un contexte social dont ils dépendent.
L'avantage de ce modèle, c'est l'apparition d'une boucle de rétroaction entre l'émetteur et le récepteur qui montre l'existence d'un phénomène de réciprocité, d'une inter-influence entre les individus en présence.
LE FEED-BACK (les travaux de Wiener sur la cybernétique)
Le feed-back désigne la réaction du récepteur au message émit et son retour vers l'émetteur. Cette notion de Feed-Back a permis aux chercheurs en sciences-sociales, de franchir un pas en passant d'une vision linéaire de la communication, à la conception d'un processus circulaire. On distingue 2 formes de Feed-Back : le Feed-Back positif et le Feed-Back négatif. Le Feed-back positif est celui qui conduit à accentuer un phénomène avec un effet boule de neige (énervement entre 2 personnes). Le Feed-back négatif peut être considéré comme un phénomène de régulation qui tend à maintenir la relation dans un état de stabilité et d'équilibre.
L'ÉCHANGE LANGAGIER
L'intérêt essentiel des linguistes, c'est d'avoir rompu avec la perception mécaniste. Ils ont montré que la communication impliquée de nombreux facteurs remplissant des fonctions diversifiées qui concourent tous à la signification du message.
4. Modèle de Jakobson
Le modèle de Jakobson développe une réflexion sur le message dans la communication verbale. Ce modèle est composé de 6 facteurs : le destinateur; le message; le destinataire; le contexte; le code; le contact.

Le message suppose un codage et un décodage, d'où l'introduction du facteur code.


Le contact est la liaison physique et psychologique entre l'émetteur et le récepteur.
Le contexte est l'ensemble des conditions sociales.
La principale originalité de ce modèle, c'est qu'a ces 6 facteurs correspond 6 fonctions:
·         La fonction expressive : Consiste à informer l'émetteur sur la personnalité de celui qui transmet le message : volonté d'exprimer les pensées, les critiques à leur égard.
·         La fonction conative : cette fonction va efforcer le destinateur à agir sur le destinataire (inciter à écouter, à agir, à émouvoir). Cette fonction apparaît clairement dans les situations ou la finalité de la communication est de faire agir le destinataire, dans le sens souhaité par le destinateur.
·         La fonction phatique : cette fonction est relative au contact. Elle permet de provoquer et de maintenir le contact. (Utilisée dans la publicité, elle est souvent visuelle, couleurs flashy. Il peut s'agir aussi des figures de rhétoriques.)
·         La fonction métalinguistique : Cette fonction s'exerce lorsque l'échange porte sur le code lui-même et que les partenaires vérifient qu'ils utilisent bien le même code. Cette fonction consiste donc à utiliser un langage pour expliquer un autre langage. Fonction de traduction. (est-ce que vous me suivez ?) (Dans une publicité, un slogan écrit en anglais dans une pub française, rappel l'origine de la marque.)
·         La fonction référentielle : Cette fonction est orientée vers le contexte dans la mesure où c'est de lui que va dépendre le message.
·         La fonction poétique : Ne se limite pas à la seule poésie, car tous message est expressif. Cette fonction se rapporte à la forme du message dans la mesure ou elle a une valeur expressive propre.
En analysant ces 6 fonctions du langage, dont Jakobson dit qu'elles "ne s'excluent pas les unes les autres, mais que souvent elles se superposent" on peut remarquer que : 3 d'entre elles (expressive - conatif - phatique) sont du domaine du langage analogique, c'est à dire de la relation. Les 3 autres (référentielle - métalinguistique - poétique) sont du domaine du langage digital, c'est à dire du contenu.
Caractéristiques de la communication
Toute communication peut être caractérisée par :
·         Ses composantes : les acteurs, le message, le canal, les stratégies utilisées, le contexte et le sens de la communication
·         Son type: interpersonnel, de groupe, de masse…
III- Qu’est-ce que la communication de masse ?
La communication de masse est l'ensemble des techniques qui permettent de mettre à la disposition d'un vaste public toutes sortes de messages.
On peut considérer que cette communication débute vers la fin du XIXe siècle avec le développement de la presse. C'est la periode durant laquelle apparaît la réclame. Les progrès techniques permettent de diffuser de la culture au peuple et la communication de masse jouit de cette bonne réputation jusqu'à la fin des années 30. La montée des totalitarismes remet en question cette confiance ; rapidement, la communication de masse devient indissociable de la propagande. Son aboutissement est la standardisation des émetteurs, des récepteurs ainsi que du produit culturel.
On simplifie la culture : Il faut des œuvres accessibles pour le peuple, on cherche le plus petit dénominateur commun. Les démocrates veulent croire à un enrichissement de la culture commune aux citoyens quand les régimes totalitaires recherchent une adhésion au chef.
Quelle différence entre communication de masse et de groupe ?
 Il convient de distinguer communication de masse et communication de groupe. La seconde est dérivée de la première, c'est un affinage de la première. La différence fondamentale est que la communication de groupe est ciblée sur un ensemble de récepteurs qui partagent un champ commun tandis que la communication de masse est dirigée vers le maximum de récepteurs possibles sans limite de champs communs. A l'origine, la communication de masse était plus informative et plus directionnelle alors que la communication de groupe était surtout promotionnelle et influente. De plus en plus, la communication de masse tend vers celle de groupe, ainsi par exemple la presse se diversifie et se spécialise davantage afin d'attirer un lectorat plus ciblé; la télévision et la radio - considérés comme des médias de masse en puissance pendant des années - permettent de plus en plus d'interactivité et la présence de plus en plus importante de la publicité dans ces deux médias les contraint à adapter de plus en plus les messages qu'ils diffusent à un public mieux cerné (ex. la télé réalité qui cible, en fonction des programmes, surtout les enfants, les adolescents et les jeunes adultes ou encore les chaînes thématiques).
Internet, communication de masse ou de groupe ?
Le contenu du message véhiculé par le net et sur le net peut varier et s'adapter à une situation. Ainsi, la communication par internet peut elle être tantôt de groupe (ex. le mail, les réseaux sociaux, les forums...) tantôt de masse (ex. les sites d'informations, les sites d'entreprises ou d'institutions qui servent de vitrines de présentation générale...).