lundi 14 novembre 2011

Cours 3 : Propagande et effet direct sur la masse


Propagande et  effet direct sur la masse

Définition du terme « propagande »
Etymologiquement : vient du latin pour désigner l’idée d’une greffe qui donnera une nouvelle plante. L’idée qui se dégage du terme est donc celle d’une transmission. Terme appliqué à la religion au départ. Il devient péjoratif (négatif) à la fin du XVIIIème siècle et désigne la tentative d’influence et de manipulation de l’opinion par les gouvernants.

I. Théorie des effets directs : le réductionnisme behavioriste
En Europe, mais aussi aux Etats-Unis, la vision de la presse et des grands moyens de communication de masse s’est radicalement transformée au fil du temps. L’engouement initial pour la presse peut s’expliquer par les transformations historiques, idéologiques et technologiques qui caractérisent la période de la fin du XVIIIème à la fin du XIXème siècle : en premier lieu les révolutions américaine et française en 1776 et 1789, puis la loi de 1881 en France consacrant la liberté d’opinion et de la presse, avec entre temps les analyses de Alexis de Tocqueville (1835-1840) voyant dans ce nouveau moyen de communication de masse à la fois un indice et un facteur de promotion de l’idéal démocratique de la société, sans oublier l’apparition de l’électricité, de nouveaux moyens de communication comme le télégraphe.

A ce véritable engouement, vont succéder dès les années 1920 (fin de la Première Guerre mondiale) ce que beaucoup d’auteurs appellent désormais de véritables « paniques morales » autour de la question du pouvoir de manipulation et de propagande des médias. Les progrès techniques dans le domaine de la communication vont avoir un effet important sur l’art de mener les troupes engagées dans la Première Guerre mondiale : les chefs de gouvernement tout comme les chefs de guerre recherchent désormais le soutien et l’adhésion de la population, ce qui signifie clairement que pour justifier l’effort de guerre auprès des citoyens, il faut contrôler l’information, la filtrer afin de discipliner l’opinion publique. Durant les premières décennies du XXème siècle, ce phénomène de prise en compte de l’opinion dans des décisions aussi graves pour un pays que la déclaration et la poursuite d’une guerre apparaît en même temps avec le développement d’un nouveau paradigme (courant) issu de la physiologie et s’imposant avec force en sciences humaines - en psychologie expérimentale en particulier : le behaviorisme ou comportementalisme.

À  cette époque un physiologiste russe, Ivan P. Pavlov, développe et expérimente sur l’animal la théorie du conditionnement des comportements (rappeler ici l’histoire du chien de Pavlov et des stimuli conditionnés : il associe un bruit de clochette à l’apport de nourriture (viande) ; par la suite le seul bruit de clochette suffit à faire saliver le chien). L’hypothèse de Pavlov est mécaniste : les organismes (du règne animal mais aussi les humains) constituent un stock de réponses comportementales qui se déclenchent en présence des stimuli de l’environnement. Ceci correspond au célèbre schéma S-R (Stimulus-Réponse). Les réactions physiologiques de l’organisme sont des réflexes, des réponses automatiques déclenchées, conditionnées par des stimuli de l’environnement directement observables et mesurables. Mais c’est surtout aux Etats-Unis que cette thèse du conditionnement aura un retentissement considérable sur la psychologie. Il n’y a pas, de ce point de vue, rupture ou discontinuité entre l’animal et l’Homme.

La thèse du conditionnement comportemental va être reprise, de façon assez élémentaire et réductrice, dans les analyses européennes et américaines des médias de masse et sera désormais désignée sous le terme des effets forts de la propagande :

- En Europe, elle est illustrée en 1939 par Serge Tchakhotine alors réfugié en France, dans son ouvrage Le viol des foules par la propagande politique (traduit et réédité chez Gallimard en 1959, puis 1992). Ce sont cette fois-ci des conduites aussi complexes que l’engagement et les actes politiques qui sont interprétées comme des réponses directes à des actions d’influence et de manipulation mentale menées par les gouvernements totalitaires. Le reflexe pavlovien appliqué à la puissance de la propagande se traduit chez cet auteur par l’idée que l’on peut provoquer chez le public un état « d’affaiblissement généralisé » pour en faire une masse « suggestible » qu’on peut alors manœuvrer comme on veut. Il suffit pour cela de manipuler des stimuli verbaux (formules simples, concises) visant directement à éveiller des émotions comme la peur, le désespoir, le désir… Il faut répéter aussi souvent que possible ce scénario, et à la longue, le récepteur recevra ces formules comme de véritables prescriptions, des stimuli qui déclencheront le réflexe conditionnel d’obéissance. Il existe néanmoins au sein de la population des différences notables entre groupes humains quant à leur suggestibilité (possibilité d'influence) : ceux qui résistent à la propagande sont ceux dont le niveau d’éducation permet une analyse plus approfondie des situations et une régulation plus forte de leurs émotions, mais pour la masse une propagande fondée sur les principes de Pavlov produit les effets escomptés : elle réduit les gens à des « esclaves psychiques », des « robots ».

- Aux Etats-Unis, c’est un politologue, Arnold Lasswell, qui va se réapproprier la thèse du behaviorisme dans une visée davantage instrumentale : comment dans une société démocratique les gouvernements peuvent tirer le meilleur parti de l’utilisation des « effets de stimuli » des médias sur la population ? Il publiera ainsi en 1927 un ouvrage qui prend la forme d’un véritable « manuel à l’usage des gouvernants en temps de guerre » : Propaganda Techniques in the World War. Lasswell fait une analyse détachée des techniques d’influence et de persuasion qui peut aider l’Etat à guider la population. Il nommera d’ailleurs l’influence subie par les masses et utilisée par l’émetteur par une expression maintenant bien connue dans le champ de la sociologie des médias : la seringue ou aiguille hypodermique (« hypodermic needle »). Cette expression traduit parfaitement l’appropriation du schéma behavioriste dans l’explication des effets directs des médias : on peut « injecter » n’importe quelle idée, induire n’importe quel comportement chez n’importe qui.

En conclusion
Nous pouvons faire ici une conclusion provisoire sur ce qui caractérise ce courant de pensée des effets forts et directs des médias : pour les tenants du behaviorisme les médias influencent et manipulent le public. Ce dernier n’a généralement aucune possibilité de leur résister. Cette approche sera relativisée voire même complètement écartée par d’autres courants.

2 commentaires:

  1. JE SUIS RAVIS DE VOS NOTES DES COURS EN QUALITE D'ENSEIGNANT D'UNIVERSITE ET CHERCHEUR EN MATIERE DE SOCIOCOMMUNICATION A L'UNIVERSITE OFFFICIELLE DE BUKAVU EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO. PRIERE ME FAIRE PARVENIR VOTRE ADRESSE MAIL POUR VOUS ECRIRE COURAMMENT EN TERME DE PARTAGE DES CONNAISSANCES.
    MON MAIL ADRESSE EST aksantidieumerci@gmail.com

    RépondreSupprimer
  2. Wech gros, dit mois Aksanti si t'as des infos complémentaire sur la propagande et ses effets sur, SOCIO POLITIQUE ECONOMIQUE bein j'ai la dale davis381@yahoo.fr merci la mif

    RépondreSupprimer